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11 / 03 / 2010 | 4 vues
Sylvain Thibon / Membre
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I>Télé, ses journalistes, sa Live U, ou la naissance d'un nouveau type de journalisme !

La Live U, c'est ce nouvel équipement qui permet aujourd'hui à un journaliste d'être totalement autonome sur le terrain de reportage. Pour cela, il transporte sur son dos et sur ses épaules un équipement de plusieurs kilos qui lui permet non seulement de fabriquer des images et des sons, mais aussi de les transmettre en live sans avoir besoin pour pour cela d'un véhicule satellitaire.

Live U Broadcast Live Anywhere, Anytime

Voilà ce que proclame la pub sur le site de la société israélienne qui fabrique ce produit. Voilà qui nous inquiète un peu plus... Pour les salariés aux horaires de travail indéfinis... La connexion au réseau peut être effectuée grâce au réseau téléphonique 3G aujourd'hui, 4G demain, par wifi ou par ethernet.

C'est un appareil de diffusion qui, plaqué sur une caméra TV, permet de retransmettre des images, en direct, en toute occasion, de tout lieu, même en roulant, sans besoin de passer par un lien satellite.

Cette nouvelle technologie qui va être déployée prochainement à i>Télé nécessite, selon nous, quelques éclaircissements et pose quelques questions.

Un environnement saturé d'ondes électromagnétiques

Tout d'abord sur l'utilisation permanente d'un outil dans un environnement saturé d'ondes électromagnétiques. Une expérience menée dernièrement a révélé l'impossibilité de transmettre des signaux lorsque plusieurs LiveU étaient utilisées dans un même environnement : saturé d'ondes, aucun signal ne passait plus !

Qui peut affirmer aujourd'hui que tout salarié exposé à ce type d'environnement en permanence n'en subira aucune conséquence ? Prenons date pour dans 5, 10 ou 15 ans...

Le débat commence d'ailleurs à se développer en France. Pour preuve, les questions posées par les élus des collectivités locales pour le déploiement des réseaux mobiles en 4G.

Ces élus réclament des expertises avant de se prononcer sur l'installation de ces émetteurs et réémetteurs de forte puissance, qui permettront d'accéder depuis son portable au service disponible sur le web fixe. L'abonné mobile disposera, a minima, d'une dizaine de Mbit/s au creux de la main pour surfer, regarder la télévision ou communiquer en vidéo avec la même fluidité que sur son PC.

  • C'est pourquoi nous revendiquons une expertise du CHSCT pour effectuer un diagnostic et apporter des réponses aux questions des journalistes concernés. Faudra-t-il les équiper de vêtements adaptés, faudra-t-il limiter les temps d'exposition aux rayonnements ? Toutes ces questions méritent examen.

Les impacts sur l'organisation du travail

Avec ce matériel, le journaliste va se retrouver seul, ce n'est pas une nouveauté... C'est déjà le cas pour les JRI, obligés de jongler aujourd'hui entre la conduite du véhicule satellitaire, les câbles à tirer, le pointage de la parabole, le reportage, le montage, la diffusion... On remballe tout et on recommence.

Ce qui est vrai aujourd'hui pour le JRI en charge d'un véhicule satellitaire le sera encore plus demain pour le porteur de LiveU.

Est ce un progrès pour le métier ?


Comme pour toute nouvelle technologie, cette question reste ouverte. Le poids du matériel, l'autonomie totale du journaliste, sa solitude accentuée vont certainement nécessiter une adaptation des temps de travail effectif. Comment les responsables de la rédaction de i>Télé ou la DRH traiteront de cette question ?


Est-il incongru d'anticiper sur ces problématiques ? Il est de notre responsabilité de prendre date alors que se profile de nouvelles orientations pour le métier de journaliste. Ne nous y trompons pas, il s'agit bien d'une modification des conditions d'exercice de cette profession. Le journaliste robotisé, asservi à sa machine n'est pas très loin si ne prenons garde aux conséquences du déploiement de ces nouvelles technologies.

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Bonjour c'est en temps que citoyen en premier, puis en temps que JRI ensuite que je réagis à cet article.

Bien sûr que le progrès en matière de transmission de l'image et du son est très important !!!

Mais donner ce type de moyen à n'importe qui n'est pas toujours une bonne idée. En effet quelle belle oportunité pour un directeur que d'équiper ses JRI d'un tel matériel !!! Quelle gain de temps et d'argent. Mais sans compter les risques liés aux ondes électromagnétiques, ce qui n'est pas bien evidemment, sans conséquence sur notre santé. Mais d'autres points sont à prendre en compte.

L'objectivité: Sur le terrain une personne seule sur un sujet, est elle aussi objective que le regard d'une équipe complète ???

La quête de l'info: Un JRI tout seul, est il capable de rassembler toutes les infos écrites, images, et sons, nécessaires pour faire un bon sujet dans les mêmes conditions qu'une équipe complète ???

La fatigue : Conduire, écrire, commenter, tourner, monter, puis envoyer, tout ceci n'est il pas moins fatigant si chacun a sa tâche, que si ceci est fait par un JRI seul ???

Dernier point, il est vérifié que la recherche de l'info prend du temps pour avoir des informations de qualité, comment un JRI qui effectuerait toutes les taches liées à ce type de matériel, peut il encore prendre le temps de chercher tous les éléments pour l'élaboration de son sujet ??? Là encore fera t il mieux qu'une équipe complète ?

Pour avoir vu fonctionner ce type de matériel sur le terrain il faut rajouter la piètre qualité de l'image.

Alors une question me vient à l'esprit : si nous devons être équipés de ce type de moyens de transmission, ne faudra t il pas revoir aussi le nom que nous avons donné depuis des centaines d'années à ceux qui recherchent, et transmettent l'info ? Le journalisme n'est il pas en train de disparaitre au profit de la rapidité et des économies des moyens de fabrication d'un sujet ???

Appelons nous alors très justement : "des presse-boutons"

Jean-pierre Vincendet (DP et JRI chez France TV)