Participatif
ACCÈS PUBLIC
13 / 09 / 2010 | 4 vues
Sylvain Thibon / Membre
Articles : 194
Inscrit(e) le 07 / 01 / 2010

« Les performances des entreprises sont inversement proportionnelles à leur taux de syndicalisation » - Yvon Gattaz

Yvon Gattaz, ancien patron du CNPF entre 1981 et 1986, l'ancêtre du Medef, est aujourd'hui président du syndicat des entreprises de tailles moyennes.

Et à ce titre, il s'exprime dans un article intitulé « La fin des syndicats est-elle souhaitable ? » publié dans le numéro d'été de la revue Commentaire.

Reprenant cette expression devant un parvis de chefs d’entreprises réunis à HEC pour l’université du Medef, Yvon Gattaz s’exprime ainsi : « De façon sociétale, les syndicats ont été nécessaires au XIXème siècle, utiles puis abusifs au XXème. Inutiles et nuisibles au XXIème, ils doivent disparaître »... « Les syndicats ont perdu toute légitimité et ne doivent leur survie qu’aux deux fils d’araignée incroyablement résistants qui les soutiennent encore, politiques et médias ». Rappelons qu’en 1922, Mussolini fit interdire les syndicats et que dès mai 1933, l’une des premières mesures prises par Hitler fut de les dissoudre.


Il poursuit :

  • « De véritables entrepreneurs, en particulier ceux qui ont créé leur entreprise et embauché peu à peu tout le personnel, connaissent parfaitement le secret de l'harmonie sociale : la disparition des syndicats », écrit Yvon Gattaz. « Les performances des entreprises sont inversement proportionnelles à leur taux de syndicalisation. L'élimination s'impose donc économiquement », affirme le cofondateur du groupe Radiall.


Dénonçant l'« invraisemblable sanctification » des syndicats, Yvon Gattaz prône l'abandon du dialogue social « trop organisé » pour le « dialogue humain, le dialogue personnalisé ».

Il estime que ce traitement de choc permettrait à la France de retrouver « non seulement une certaine harmonie sociale, mais des performances économiques plus étroitement liées qu'on ne le croit au climat social des entreprises. Les meilleures entreprises françaises ont montré l'exemple. Elles ont supprimé ou réduit l'action des syndicats mais elles l'ont remplacée obligatoirement par une intense politique humaine, individualisée, personnalisée, compréhensive, interactive, attentive aux besoins des salariés ».

Est-ce que cela concerne aussi les syndicats patronaux ?

Pour Yvon Gattaz, exit donc toute idée de concertation sociale, puisque les performances des entreprises sont inversement proportionnelles à leur taux de syndicalisation. Il en découle logiquement qu’en ce qui concerne les syndicats, l’élimination s’impose donc économiquement. Une chance : Yvon Gattaz ne serait pas intéressé par un poste de DRH... on respire alors que des mouvements d'importances sont annoncés à Canal+ dans ce secteur.

Pour libérer le capitalisme français, supprimons les syndicats ! Parions que cette idée rencontrera un écho dans certaines couches dirigeantes de notre joli pays.

Pour au moins 2 raisons...

  • La première concerne l’action du gouvernement qui n’a de cesse depuis quelques années de contraindre le dialogue social en le réduisant à sa plus simple expression. Les lois de juin et d’août 2008 bouleversent le paysage syndical français. Mais la réduction du nombre de syndicats ne saurait être seul gage de qualité, et d’élévation du débat social ; on le constate chaque jour un peu plus, et c'est aussi le cas à Canal+.
  • L’autre raison, concerne l’individualisation du rapport au travail que connaît l’entreprise aujourd’hui. Cette individualisation dont nous constatons chaque jour un peu plus les dégâts, y compris sur la santé physique ou psychique des salariés, se poursuit. Pour autant, l’entreprise fonctionne-t-elle mieux ainsi ?


À l’inverse de cette pensée radicale, ne faudrait-il pas se poser le problème en d’autres termes ? Regardons nos voisins, les Allemands par exemple dont le modèle est tant loué. Ce modèle n’est-il pas avant tout basé sur le dialogue social ?

Inutile d’en parler à Canal+ car depuis 5 ans, le dialogue social ne cesse de régresser, le niveau des échanges de s’effondrer… Nous en sommes réduits à faire respecter le Code du Travail et les textes internes, dont l’application est aléatoire et systématiquement dévoyée.

Deux exemples de cette déviance ces dernières semaines : les modifications de prise en charge par la mutuelle des frais médicaux et l’application de l’accord cadres autonomes... Nous y reviendrons prochainement.

Afficher les commentaires