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16 / 01 / 2017 | 1 vue
Didier Cozin / Membre
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Le CPA, une nouvelle coquille vide qui stocke les problèmes de compétences au lieu de les résoudre (Ière partie)

Depuis 2012 les pouvoirs publics se sont spécialisés dans le bricolage social via des comptes qui ne créent aucun emploi mais donnent l'illusion que la vie professionnelle consiste désormais à accumuler des points, des heures ou des droits.

CPF, CEC, CPA, compte pénibilité : les comptes abondent dans un pays où le travail devient toujours plus rare, complexe, cher et insuffisamment compétitif (la loi sur le travail ayant encore obscurci l'horizon tout en prétendant le contraire).

Qu'est-ce qui a prévalu à la mise en œuvre du compte d'activité (CPA) ?

La croyance que de nouveaux droits sociaux seraient capables de sécuriser les travailleurs (ou leur emploi !) dans la société de la connaissance

Notre pays a été incapable de généraliser la formation tout au long de la vie depuis le sommet de Lisbonne en 2000 et d'installer une quelconque flexisécurité avec des réformes ratées en formation en 2009 puis en 2014. Face à ces échecs répétés (échecs d'abord des partenaires sociaux), la tentation est grande désormais du repli sur soi et sur des régimes sociaux servant à écluser tous les problèmes du travail.

La sécurisation professionnelle ne consiste pas à compter ses points ou ses années avant la retraite (comme on enfilerait des perles) mais bien à ce que chacun puisse acquérir des compétences nouvelles, conquérir un travail de qualité, s'y maintenir et se reconstruire professionnellement si nécessaire.

La logique comptable des compteurs contredit la notion même de solidarité

En matière sociale, la solidarité prévalait jusqu'à présent que ce soit en matière de santé (on ne vous réclame pas 5 ans de cotisations à la Sécu pour vous opérer) ou en matière d'éducation (10 ans de résidence en France ne sont pas demandés pour scolariser ses enfants). Les nouveaux comptes rompent avec cette logique de solidarité pour installer l'individu seul derrière son ordinateur à compter ses points, à accumuler ses petites heures, tel Harpagon comptant et recomptant le contenu de sa cagnotte personnelle.

Une logique professionnelle figée contredite au quotidien par la réalité du travail et des compétences

Le travail en 2017 n'est plus cette petite case que chacun doit rejoindre après ses études et ne plus quitter jusqu'à la retraite. Le travail est désormais une quête et une dynamique qui se construit pierre après pierre et tout au long de la vie.
Les compétences deviennent un mouvement perpétuel, toujours remis en question, un idéal vers lequel chacun doit tendre. Les compteurs tels le CPF ou le CPA sont des constructions maladroites, bureaucratiques et figées, à l'instar des certifications normées qu'ils sont censés promouvoir.

L'activité aujourd'hui ne se réduit pas au seul salariat

Le travail non salarié n'est quasiment pas pris en compte (sauf cotisation volontaire et supplémentaire des indépendants dans plusieurs années), le travail des femmes hors entreprise est totalement ignoré (élever 5 enfants n'apportera aucun point, aucun droit à la formation et aucune possibilité d'orientation professionnelle).
Les parcours éducatifs ne sont pas plus pris en compte (le passeport formation qui devait se déployer dès 2015 via le CPF est mort né).

 

 

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