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13 / 09 / 2018 | 10 vues
Vincent Hernandez / Membre
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Étude du WWF France « sauver EDF par la transition » : rapport politicien, contenu scandaleux

À peine quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, WWF France (ONG présidée par l’ancien ministre de François Hollande, Pascal Canfin, cité à un moment comme ministre potentiel) publie un plan censé « sauver » EDF par la transition énergétique.

Celui-ci s’avère en réalité être un plan de casse d’EDF et du service public de l’électricité, qui se traduirait par la fermeture de 23 réacteurs nucléaires d’ici 2030, la cession de tout ou d'une partie d’Enedis et de Dalkia et par 30 000 suppressions de postes (10 000 à EDF et 20 000 chez les sous-traitants).

Pour notre fédération, cette étude est un brûlot contre le service public et les salariés du groupe EDF.

Elle est rendue publique quelques semaines avant que le gouvernement ne tranche sur la programmation pluriannuelle des énergies et se présente comme étant dans l’intérêt d’EDF alors qu’il ne s’agit là que d’un plan organisé visant à démanteler cette belle entreprise publique qui a pourtant permis à notre pays d’avoir une électricité parmi les plus compétitives d’Europe.

Il s’appuie sur des travaux totalement contestables de l’IDDRI, organisme qui a de tout temps pris position pour le choix allemand en matière de politique énergétique, la fameuse « Energiewende ». Le paradoxe de l’affaire est qu’en Allemagne même, cette politique ne fait plus consensus et que les critiques fusent contre ces réformes qui ont entraîné une hausse conséquente des prix pour les ménages et se sont traduites par le non-respect des engagements climatiques de l’Allemagne. Chacun pourra donc apprécier le sens du « tempo » de WWF France…

Tout cela en appui d’une analyse simpliste : EDF serait en faillite, sa dette serait trop élevée et dans un contexte où elle doit faire face à « un mur d’investissements », EDF ne pourrait pas la rembourser. Rien que ça !

Donc, parmi d’autres propositions, la plus emblématique est de fermer 23 centrales nucléaires pour faire remonter les prix de l’électricité. On croit rêver qu’un tel projet puisse être présenté par un ancien ministre de la République !

Comment faire face aux investissements à venir ?

Dans toute son histoire, EDF a dû faire face à des vagues d’investissements importants pour assurer la sécurité d’approvisionnement des Français et leur assurer une électricité compétitive et nécessaire au pouvoir d’achat et aux entreprises. C’est son histoire et c’est l’honneur du groupe et de ses salariés !

Aujourd’hui, le groupe EDF est effectivement sur tous les fronts :
  • prolonger la durée de vie de ses centrales nucléaires et déployer l’EPR ;
  • défendre notre énergie hydraulique et se positionner comme acteur dans les ENR et dans les services ;
  • faire preuve d’innovation dans tous les domaines et faire face aux mutations de réseaux…

Bref, être l’acteur public de service public au service de notre pays dans un monde qui bouge.

Globalement, EDF est l'un des plus gros investisseurs industriels en France et elle investit 15 milliards d’euros par an, générateur d’emplois induits. Sur ces 15 milliards, quelques remarques s’imposent...

En 2016, le programme de prolongation des centrales nucléaires, qui n’est que l’un des éléments de ce que l’on appelle le « grand carénage », a été qualifié par le président de la Cour des comptes en ces termes : « La logique économique du programme est cohérente : prolonger la durée d’exploitation d’un investissement rentable et largement amorti ».

On ne saurait être plus clair et cela est totalement contraire à l’idée farfelue selon laquelle la fermeture de centrales nucléaires ferait économiser de l’argent à EDF. C’est tout le contraire !

D’autres investissements résultent en revanche de choix politiques.

Il en va notamment ainsi de de la volonté d'Emmanuel Macron de faire reprendre à EDF, la société Areva NP et surtout, celle de lancer, contre l’avis des syndicats notamment, lesquels l’avaient jugé prémature à juste titre, le projet britannique Hinkley Point qui nécessite de la part d’EDF un investissement annuel proche de deux milliards d’euros pour ces prochaines années.

Il faudra bien que le Président de la République n’oublie pas qu’il est le principal artisan de cette décision et nous le lui rappellerons autant que nécessaire et plus encore en cette période où les ministres de l’Énergie successifs ne cessent depuis 2015 de faire pression sur EDF pour lui demander d’investir parallèlement dans toujours plus d’énergies intermittentes.

C’est au regard de cette situation, dans laquelle la responsabilité de l’État est très lourde, que FO considère qu’il est impératif que l’État accepte (ce que ferait tout actionnaire normalement constitué) de renoncer à ses dividendes sur plusieurs années, pour accompagner ce développement de l’entreprise.

Mais, surtout, notre organisation syndicale revendique également depuis toujours et c’est là, l’un des rares points de convergence avec l’étude de WWF, la fin rapide de l’ARENH (accès régulé à l'énergie nucléaire historique), qui est un outil de spoliation d’EDF (5 milliards de coût pour EDF depuis 2010) et constitue un vrai scandale. Mais il n’est nul besoin de casser EDF pour cela !

De la même façon, s’il est vrai que l’augmentation au niveau européen du prix du carbone est nécessaire au respect par l’Europe de ses engagements climatiques, elle ne saurait être liée d'aucune manière à cette casse d’EDF induite par l’étude de WWF France.

Les oublis de l'étude en disent long sur le modèle ultralibéral de WWF

On ne trouve rien dans l'étude sur le fait que l’électricité est plus compétitive que beaucoup des pays alentours, notamment l’Allemagne, ce qui est bon pour les Français et les entreprises.

On ne trouve rien non plus sur les conséquences des objectifs (sans cesse augmentés) d’ENR intermittentes, qui en France, n’améliorent aucunement le bilan carbone de notre pays car notre électricité est déjà décarbonnée à 97 %.

Or, le coût de ces mesures a été chiffré par la Cour des comptes à 121 milliards d’euros (montant du soutien public auquel l'État s’est engagé par les contrats signés avant 2017 au bénéfice des producteurs d’électricité d’origine éolienne et photovoltaïque).

Le contenu en emploi déjà faible de cette politique va encore être affaibli par les conséquences de la récente décision de la Commission européenne de supprimer toutes les taxes sur l’importation des panneaux solaires chinois : l’association européenne des fabricants chiffre cette perte à 45 000 emplois à l’Europe

Mais d’autres oublis lourds de conséquences doivent encore être mentionnés.

Il est significatif que l’hydraulique, première énergie renouvelable, ne soit même pas citée. Sans doute parce que WWF est déjà dans l’idée que les concurrents privés d’EDF comme Total seront les futurs concessionnaires. Totalement inacceptable pour notre fédération qui revendique et se bat aux côtés des agents pour le maintien de toutes nos concessions à EDF.

On peut aussi souligner l’absence de toute référence à l’existence même du « service public ». Cela en dit long de l’orientation ultra libérale de cette étude.

Les conséquences sur l'emploi : les masques tombent

C’est là l’un des points les plus lourds de conséquences et qui démontre que cette transition énergétique n’est pas créatrice mais bien destructrice d’emplois.

Il est d’abord significatif qu’il n’y ait pas un mot sur les 220 000 travailleurs du nucléaire, troisième filière industrielle de France ! Or, si l'on ferme 23 centrales nucléaires et si aucun autre EPR n’est décidé, les conséquences industrielles et sociales seront dramatiques. En outre, la reprise d’Areva NP par EDF décidée en 2015 sous l’influence d'Emmanuel Macron n’avait de sens que si des EPR étaient lancés en France et, s’agissant d’EDF, les chiffres sont également sans appel !

Cette fameuse transition à la méthode WWF est, en effet, sanglante : 10 000 suppressions d’emplois et 20 000 chez les sous-traitants et face à cela, quelques centaines d’emplois créés dans le solaire et un nombre de salariés dans le démantèlement correspondant à 10 % d’une centrale en activité. On voit bien la réalité des chiffres. Il s'agit donc bien d'une destruction d’emplois sans précédent et assumée sans vergogne ! Une vraie honte !

Pour nous, c’est clair, cette étude est un brûlot contre le service public et les salariés du groupe EDF. Alors oui, nous refusons le démantèlement d’EDF avec la sortie totale ou partielle d’Enedis du groupe, prônée par l’étude, de même que la scission d’EDF en deux comme le prônait Nicolas Hulot.

Nous refusons la fermeture de centrales nucléaires pour des raisons politiques car c’est un gâchis d’argent public et un gâchis social.

Nous refusons de perdre nos concessions hydro-électriques pour le plus grand profit du privé.

Nous refusons de sacrifier nos installations de thermique classique qui sont, avec l’hydraulique, un élément crucial pour assurer la sécurité d’approvisionnement de notre pays.

Nous refusons la fin du service public dont l’expression même (comme si cela était du passé) est totalement absente de cette étude.

Nous considérons plus que jamais que l’électricité, bien d’importance vitale, n’est pas un bien comme les autres et qu’il ne peut être laissé aux mains du marché.

Plus que jamais, nous sommes déterminés à défendre notre entreprise de service public et nos emplois contre tous ces casseurs !

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