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31 / 08 / 2015 | 53 vues
Stéphanie Ladel / Membre
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Inscrit(e) le 30 / 08 / 2015

Prévention individuelle du karoshi

Ce que vous devriez savoir sur le karoshi

Karoshi : ce terme tout droit venu du Japon est encore peu connu du grand public en France. Il fait pourtant aussi partie de notre réalité.

Karoshi signifie « mort subite par surcharge de travail ». Il s’agit donc d’un décès, brutal, imprévu, la plupart du temps par crise cardiaque ou bien par suicide et directement lié à ce que l’on pourrait appeler une « overdose de travail ».

C’est en 1969 que la surdose de travail a pour la première fois été reconnue comme la cause de la mort de quelqu'un, un Japonais de 29 ans. Cela fait donc près de 50 ans que cette cause de mortalité est comprise comme telle au Japon. Elle y est même reconnue comme maladie professionnelle.

Ce même pays tient des statistiques « épidémiologiques » depuis la fin des années 1980. Est-ce que le phénomène augmente ? Visiblement oui, bien qu’il soit difficile de déterminer si ce sont les cas qui augmentent ou leur diagnostic en tant que karoshi

L’overdose de travail est établie lorsque le temps de travail de la personne décédée a été clairement excessif : l’événement fatal a lieu à la suite d’un temps de travail extrêmement long à l’échelle d’une semaine ou d’une « journée » (sans sommeil).

Retenons que parmi les risques sanitaires liés au travail, il est dépassé de considérer qu’il y aurait des risques physiques et des risques psycho-sociaux. Le karoshi montre bien le pont entre un comportement d’abus, de surtravail, d’addiction au travail peut-être, par forçage de son propre corps, et sa traduction en accident, prenant la forme d’une impulsion, soit du corps, soit de l’esprit, qui disjoncte.

 

Quand il n’y a que la prévention


Il serait illusoire de penser que ces accidents sont liés à une maladie (un problème cardiovasculaire ou une dépression diagnostiquables en amont) ou bien qu’une personne voulant travailler sans arrêt pourra se renforcer par un quelconque traitement.

Le fait est que nous ne pouvons pas, sans risque fort et direct pour notre santé, repousser les limites du corps humain en empêchant son repos.

Mais il est possible de prévenir le karoshi, en tant qu’accident lié à une cause connue, puisqu’il est simple de mesurer le temps de travail quotidien. Reste à sensibiliser chacun, cadre ou non-cadre, à la réalité du karoshi ayant déjà tué des milliers de personnes obnubilées par leur travail, et du risque qu’il prend s’il en vient à oublier de mesurer son propre temps de travail.

Bien évidemment, relier cette cause de mortalité à la recherche éperdue de productivité des entreprises est correct. Cela apparaît aussi comme un effet pervers de nouveaux modes d’organisation (responsabiliser chacun en l’absence de responsables intermédiaires, sans imposer un nombre d’heures de travail mais la réalisation d’objectifs ; alors même que les salariés sont habitués à fournir « beaucoup » pour fournir « bien »).  D’autres corrélations existent… Mais cela se joue aussi à l’échelle individuelle et c’est sur ce point que se concentre cet article.

 

Comment garder performances et tête froide

Cette issue qu'est la crise cardiaque ou le suicide n’existe dans le cas du karoshi que parce qu’il fallait une issue… Parce qu’il y avait surchauffe.

La prévention individuelle passe donc par la conscientisation de son implication dans son travail, qui doit être prégnante mais pas inhumaine. Or, le candidat au karoshi a cette particularité de ne plus s’écouter lui-même…

Si vous constatez qu’un proche force à l’extrême son corps et son esprit pour qu’ils travaillent plus longtemps, vraisemblablement au-delà de leurs limites, vous devez l’aider à s’interroger. Parvient-il à répondre à l’une de ces séries de questions ?

  • Quel est mon temps de travail ?
  • Pourquoi ne parviens-je pas à me donner un temps de récupération ?
  • Pourquoi est-ce que je n’entends plus mon stress, ma faim, mon sommeil ?
  • Pourquoi la réussite de mes objectifs professionnels devient prioritaire par rapport à mon intégrité ?

 

  • Quel est mon temps de travail ?
  • Quels sont les enjeux, tous les enjeux ?
  • Quels sont les risques, leur gravité et leur probabilité d’occurrence ?
  • Quelles autres méthodes existent qui pourraient diminuer les risques prioritaires ?


Répondre à ces questions n'est pas chose facile quand on a « la tête sur le guidon »… C’est pourquoi le rôle des proches (famille, amis, collègues et supérieurs) sera de convaincre l'individu concerné de se faire accompagner pour trouver une solution qui le mette hors de danger tout en restant professionnellement satisfaisante pour lui.

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Les NTIC favorisent cette surdose de travail, à la maison, pendant les week-end et congés ... : La prévention des risques professionnels des technologies de l'information et de la communication : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=483