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14 / 06 / 2021 | 39 vues
Fabien Brisard / Abonné
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Un quart des policiers confronté aux pensées suicidaires

Plus de 1 100 policiers se sont suicidés au cours des 25 dernières années, soit une moyenne de 44 suicides par an, un taux supérieur de près de 50 % à celui de la population française (1). La question du mal-être des policiers semble aujourd’hui être un enjeu majeur.


Aussi, la mutuelle des forces de sécurité (MGP) a lancé un baromètre visant à observer les problématiques et comportements de santé des policiers (2). Plus de 6 000 répondants ont participé à la première édition de ce baromètre réalisé en partenariat avec le « think-tank » de la protection sociale, le Cercle de recherche et d’analyse sur la protection sociale (CRAPS) (3).


L’environnement de travail, un facteur structurant


L’étude montre que les policiers sont globalement satisfaits de leurs conditions de travail. Ainsi, 77 % des répondants trouvent l’ambiance de travail avec leurs collègues conviviale, 75 % disent pouvoir apprendre de nouvelles choses et 64 % estiment que leurs supérieurs et/ou collègues sont disponibles pour les aider en cas de problème.


L’analyse croisée des résultats montre d’ailleurs que ces conditions de travail sont un facteur clef de bien-être pour les policiers. En effet, le problème de la détresse psychologique notamment est bien plus présent chez les répondants témoignant d’une ambiance de travail difficile.


Concernant l’environnement de travail, 65 % des policiers disent être confrontés à des tensions avec le public et 51 % disent avoir des difficultés à conjuguer leur vie professionnelle et leur vie personnelle.


Enjeu majeur : la santé psychique et les pensées suicidaires


Ce baromètre souligne aussi un niveau de détresse psychologique élevé chez les policiers. L’analyse des résultats selon l’échelle de Kessler (4) révèle ainsi que 39 % des policiers seraient en détresse mentale.


Par ailleurs, un quart des répondants dit avoir eu ou entendu des collègues évoquer des pensées suicidaires (24 %), un sujet plus prégnant que dans la population française. L’appréciation de l’environnement et des conditions de travail affecte fortement le poids de ces pensées suicidaires.


Ainsi, ce pourcentage monte par exemple à 46 % chez les répondants qui estiment que l’ambiance avec les collègues n’est pas du tout conviviale. De même, parmi les policiers qui vivent des tensions avec un public, 32 % disent être confrontés aux pensées suicidaires.


Prise en charge des soins : des comportements spécifiques


Ainsi, 21 % des policiers disent avoir renoncé à des soins médicaux au cours de l’année passée, principalement pour des raisons financières (29 %) et des délais de rendez-vous trop longs (23 %). Les principaux soins concernés par ce renoncement sont les soins dentaires (32 %), la médecine douce (18 %) et les consultations chez des spécialistes (16%).


Concernant l’adhésion à une mutuelle, 14 % des policiers interrogés disent ne pas avoir de complémentaire de santé. Une part légèrement plus marquée chez les moins de 45 ans (15 %).


Condition physique : des pratiques plutôt saines


Côté santé physique, les répondants disent en majorité pratiquer une activité sportive régulière (55 %). Le baromètre montre également peu de comportements néfastes pour la santé chez les policiers. Ainsi, seuls 17 % des répondants fument.


Pour autant, un quart des répondants souffre d’affections chroniques (24 %), notamment d’hypertension. De même, 21 % des répondants se sentent limités ou handicapés dans leurs tâches quotidiennes, en particulier à cause d’affections dorsales. Ce sont là les deux principaux enjeux relevés au niveau de la santé physique des policiers.


Pour Benoît Briatte (président de la MGP), « ce baromètre montre clairement que la santé psychique est aujourd’hui la priorité concernant la santé des policiers. Elle a peu de liens avec les facteurs d’analyse classiques comme le genre ou l’âge, mais est davantage corrélée aux conditions d’exercice du travail et à l’environnement professionnel.


Prioriser le bien-être au travail pourrait donc être un premier levier d’action pour améliorer la santé des policiers. Au sein de la MGP, ces résultats nous confortent dans notre volonté de faciliter l’accès aux consultations psychologiques de nos adhérents et vont nous permettre de développer nos services spécifiques (comme la cellule psychologique et les journées prévention) de façon encore plus ciblée.


Enfin, l’étude souligne aussi un renoncement aux soins important dans nos populations, ce qui milite en faveur de la réforme de la protection sociale complémentaire actuellement engagée au sein du Ministère de l’Intérieur, en prenant soin de proposer des garanties suffisamment couvrantes pour tous ses agents ».


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1. Source : Cercle de recherche et d'analyse sur la protection sociale (CRAPS).
2. Sondage réalisé pour la MGP, en partenariat avec le CRAPS, par YCE Partners en ligne du 17 février 2021 au 25 mars 2021 auprès d’un échantillon de 6 246 policiers.
3. Un comité scientifique composé de membres du « think-tank » (médecins et experts en santé publique) ont participé à
l’élaboration du questionnaire et à l’analyse des résultats.
4. Les résultats ont été réalisés selon l’échelle de Kessler sur la base des réponses apportées à six questions du questionnaire permettant d’évaluer le niveau de détresse psychologique. Détails de la méthode Kessler sur : https://www.inspq.qc.ca/boiteoutils-
pour-la-surveillance-post-sinistre-des-impacts-sur-la-santementale/.

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