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29 / 04 / 2021 | 784 vues
Frédéric Homez / Abonné
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Les salariés d'Alvance Aluminium ont-ils été victimes d'une arnaque bancaire ?

Plus d’un mois après la faillite du Britannique Greensill (principal créancier du groupe sidérurgique GFG Alliance), les conséquences de la déconfiture se font toujours sentir voire s’aggravent, touchant toutes les sociétés du groupe et menaçant la survie des fonderies. Ainsi, la fonderie Alvance Aluminium Poitou (principale entité de sa branche aluminium) est en grand danger et seule sa mise en redressement judiciaire, évitera le désastre pour ses 282 salariés.

 

Depuis le CSE extraordinaire du 15 avril à la fonderie Alvance Aluminium Poitou, dont les salariés fabriquent des culasses pour moteurs, la question de leur survie est clairement posée, d’autant que la procédure de conciliation ouverte fin mars afin de trouver un accord avec les créanciers n’a débouché sur rien de concret.

 

Pour notre organisation syndicale, la situation est claire : « Cette procédure avait été demandée parce que le groupe ne compte plus injecter d’argent tant qu’il ne se sera pas refinancé. Or cette absence de financement est difficilement tenable pour l’équipementier, qui perd déjà 4 millions d’euros par semestre. Il nous est impossible de produire sans apport financier du groupe, tranche le métallo. Par conséquent, le redressement judiciaire n’est plus une option mais une nécessité », explique Jean-Marc Dubin (délégué syndical FO).

 

Le fiasco du PGE

 

Une mise en redressement permettrait de geler les dettes et de garantir les salaires pendant la durée de la période d’observation. L’État et le groupe Renault ont fait savoir qu’ils étaient prêts à aider les fonderies mais à la condition expresse qu’elles soient en redressement judiciaire. Cela permettrait également la recherche de repreneurs.

 

Mais il y a urgence. Le CSE avait estimé que 8,5 millions d’euros seraient nécessaires d’ici fin juin, rien que pour les salaires et l’achat de matières premières.

 

Le prêt garanti par l’État (PGE) de 18 millions d’euros, qui aurait pu couvrir ces besoins, n’arrivera jamais. Accordé en décembre, il a transité par une filiale allemande de Greensill puis a stationné sur les comptes d’Alvance Alumium Poitou avant de repartir vers l’Allemagne et de partiellement s'évaporer dans ce qui ressemble à une belle arnaque bancaire, au sujet de laquelle le Procureur de la République de Poitiers a ouvert une enquête préliminaire.

 

En attendant d’en savoir plus, notre syndicat demande, outre la mise en redressement judiciaire, le maintien de l’équipe SD ainsi que des intérimaires. « Pour nous en sortir, il est essentiel d’honorer les commandes de Renault. Ce qui ne sera pas possible si l'on commence à tailler dans les effectifs. Aujourd’hui, nous ne cessons d’augmenter notre taux de production avec une qualité qui s’améliore, alors ne cassons pas notre outil de travail », explique Jean-Marc Dubin.

 

« Il ne faut exclure aucune option ! »

 

Outre les 861 emplois menacés chez Alvance Aluminium Poitou, Alvance foundry Poitou et Alvance Aluminium Wheels, notre fédération n’oublie pas que la branche acier de GFG est elle aussi en mauvaise posture, notamment l’aciérie Ascoval et ses 270 salariés à Saint-Saulve, dans le Nord, à laquelle l’État a accordé un prêt de 20 millions d’euros fin mars pour consolider sa trésorerie fragile et lui permettre de retrouver son souffle.
 

« Au-delà de ce soutien d’urgence, il est impératif de trouver des solutions pérennes, tant au plan industriel que social. Il ne faut exclure aucune option, y compris, le recours à une nationalisation provisoire pour maintenir ces activités, si besoin », martèle Paul Ribeiro, secrétaire fédéral chargé de la sidérurgie, pour qui la position stratégique de la sidérurgie pour l’industrie appelle plus que des sauvetages au coup par coup.
 

La fédération, qui défend ce secteur en amont, est indispensable à de multiples filières industrielles et milite pour que les pouvoirs publics y prennent une part active.

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FO Métaux prend acte du plan d’action visant à accompagner les fonderies françaises annoncé par le ministre de l’Economie et des Finances le 26 avril, à l’issue d’un comité stratégique de la filière automobile. Reste à savoir si cela sera suffisant pour consolider un secteur en pleine tourmente et à la recherche d’une véritable stratégie industrielle.

 

Selon les mots de M. Bruno Le Maire, ce plan devra « donner à la fonderie française la capacité de se réinventer et de se projeter vers l’avenir ». Pour le moment, le fonds exceptionnel de 50 millions d’euros (30 millions de l’État, 10 millions de Renaut et autant de Stellantis) est surtout censé permettre la reconversion des salariés licenciés.

 

Au moment où l’ensemble de la sidérurgie, au-delà des seules fonderies liées à l’automobile, connaît des difficultés et que se multiplient les redressements judiciaires, notamment dans le sillage de la faillite de Greensill, ce montant risque de se révéler bien insuffisant. En outre, il ne répond pas à un impératif majeur.

 

Offrir un avenir à la filière passe avant tout par la préservation des sites, des compétences et des savoir- faire irremplaçables des salariés des fonderies. FMV, MBF Aluminium ou encore Alvance ne sont que la partie visible de la coulée. Près de 40 % des emplois du secteur sont menacés, suite à la mort annoncée du diesel, dont dépend largement la filière.

Au moment où le défi de la transition écologique et la montée en puissance de l’électrique peuvent offrir des opportunités de localisation et de relocalisation de l’industrie en France, il est impératif d’aller plus loin que la seule reconversion des salariés pour préparer réellement l’avenir de la filière