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25 / 11 / 2020 | 105 vues
Marcel Caballero / Membre
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Pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle prétendent résoudre la question sociale ?

Ruses de riches
La face cachée de l’entrepreneuriat social


« Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde ? ». En s’interrogeant sur ce nouveau capitalisme humaniste, Jean-François Draperi (*) analyse le profil des entrepreneurs sociaux, l’essor de la philanthropie à risque et de l’économie collaborative et leurs rapports avec l’État. L’auteur dénonce la face cachée de l’entrepreneuriat social, comment il a su renouveler le capitalisme qui, dès les années 2000, a investi le marché des pauvres, nouvel eldorado. Exemples à l’appui, il rappelle qu’il existe de nombreuses alternatives au sein de l’économie sociale et solidaire, notamment les coopératives. « L’ESS paraît comme l’antidote à la financiarisation du social ».

 

Entre 5 000 et 13 000 milliards de dollars par an : bienvenue dans le monde très cynique des affaires sociales. Les affaires sociales ? C’est nouveau, ça vient des États-Unis et ce n’est pas très social. Une date : depuis l’an 2000. Un objectif : appliquer les méthodes du capitalisme financier aux activités sociales. Des moyens : les grandes fondations, les start-ups sociales, la théorie dite « BOP » et l’art de détourner le sens des mots qui ont un sens (émancipation, environnement, écosystème, coopération et intérêt général). Un risque : la mort du lien social. Une conséquence : l’augmentation de la fortune des plus riches et l’accroissement des inégalités. Partant d’une vraie question : pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle sont-ils ceux qui, quelques années plus tard, prétendent résoudre la question sociale ?

 

Ce livre publié aux éditions Essais Payot ne critique évidemment pas la sincérité des projets des start-ups sociales mais il nous alerte sur l’un des nouveaux visages du capitalisme pour que nous ne participions pas involontairement à une idéologie que nous réprouvons profondément. Exemples à l’appui, il rappelle que, depuis longtemps des alternatives efficaces, fondées sur un autre modèle que les riches combattent, existent. Et si l'on osait se passer des riches ?

 

(*) Jean-François Draperi dirige le Centre d'économie sociale (CESTES) du CNAM, à Paris. Maître de conférences en sociologie, il est également rédacteur en chef  de la Revue internationale de l'économie sociale (RECMA).

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