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Débats sur la santé mentale des jeunes au CESE: les citoyens entre 12 à 18 ans appellent à réguler les réseaux sociaux
Réunis pour leur deuxième session de travail, les jeunes ont rendu leurs conclusions.
Alors qu’en France, 45% des adolescents sont potentiellement concernés par des troubles de l’anxiété, un chiffre en constante augmentation depuis 2021, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), assemblée de la société civile organisée a décidé de se saisir du sujet et de le confier à sa commission des Affaires sociales et de la santé.
Afin de recueillir la parole des premiers concernés et pour la première fois, le CESE a lancé un dispositif de participation citoyenne inédit composé de 20 jeunes âgés de 12 à 18 ans, venant de tous les types de territoires (urbain, péri-urbain, rural) afin de formuler des propositions concrètes sur la santé mentale des enfants et des jeunes.
Réunis lors de deux séquences de travail au CESE (les 14, 15, 16 et 17 avril et les 22 et 23 mai), ils ont mené un travail inédit qui vise à nourrir les réflexions de la commission Affaires sociales et santé du CESE et viendra alimenter l’Avis du CESE présenté le 14 octobre en assemblée plénière et rapporté par Helno Eyriey (Groupe des Organisations étudiantes et mouvement de Jeunesse, représentant de l’UNEF).
A cet effet, le CESE a noué un partenariat avec un collectif d’associations, la « Dynamique pour les droits desenfants », afin notamment de constituer le panel de jeunes et d’assurer la co-animation du dispositif. La Dynamique pour les Droits des enfants est un ensemble d’ONG, associations et collectifs (dont l’UNICEF, SOS Villages d’enfants et l’ANACEJ), mobilisés pour porter, en direction des décideurs publics, un plaidoyer pour une meilleure effectivité des droits de l’enfant en France et à l’international.
De leurs réflexions et échanges, les jeunes ont d’abord défini leur conception de la santé mentale comme un équilibre entre bien-être physique et psychique, influencé par leur environnement social, familial et scolaire. Ils ont ensuite identifié trois thématiques prioritaires, qu’ils estiment essentielles pour améliorer leur bien-être mental, insistant notamment sur l’importance de reconnaître leur parole, de valoriser leurs expériences, et de créer des conditions favorables à leur épanouissement.
- Encadrer l’environnement personnel qui constitue un pilier de l’équilibre mental
Les jeunes soulignent que l’écoute, la reconnaissance et la qualité des relations avec les adultes – parents, enseignants, éducateurs – sont déterminantes pour leur santé mentale. Ils dénoncent un manque d’attention à leurs ressentis, une tendance à minimiser leurs difficultés, et des inégalités sociales qui pèsent lourdement sur leur estime de soi, notamment pour les jeunes issus des classes sociales moins aisées qui se reflètent particulièrement dans leur manque l’accès à la culture.
Pour pallier ces manques les jeunes préconisent notamment :
- Une régulation plus stricte des réseaux sociaux et une éducation numérique dès l’école ;
- Des cours d’éducation affective et relationnelle renforcés, dès le collège ;
- Un accès gratuit, anonyme et illimité à des psychologues en milieu scolaire ;
- Des formations pour les parents et les professionnels afin de mieux comprendre et accompagner les jeunes.
- Atténuer les discriminations et les jugements qui causent des blessures invisibles mais profondes
Les jeunes dénoncent la banalisation des discriminations dans tous les espaces de vie : école, sport, espace public. Ils se sentent souvent jugés, catégorisés, incompris. Le poids des normes sociales, notamment autour du genre et de l’apparence, est vécu comme une pression constante. Pour les participants, les discriminations sont liées à de fortes inégalités sociales que constituent la société aujourd’hui.
Les jeunes proposent
- L’instauration de cours obligatoires sur les discriminations dès la primaire ;
- Des bilans de santé mentale réguliers pour tous les jeunes ;
- La création d’espaces de parole sécurisés et accessibles ;
- Un meilleur encadrement de l’accès aux réseaux sociaux, avec vérification de l’âge.
- Repenser le système scolaire pour préserver le bien-être
Le système scolaire est perçu comme une source majeure de stress, d’anxiété et de perte de sens. Les jeunes dénoncent la pression des notes, le manque de temps libre, l’orientation précoce et rigide, ainsi que l’absence de prise en compte de leurs besoins individuels.
Ils préconisent
- Une réduction du temps de cours et une meilleure organisation des emplois du temps ;
- Une école plus inclusive pour les jeunes en situation de handicap ou en souffrance psychique ;
- Des formations pour les enseignants sur les méthodes pédagogiques bienveillantes ;
- L’accès universel à des sorties culturelles et sportives gratuites.