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Adecco : notre ex-PDG, François Davy publie « Une société heureuse au travail »
Le moins que l'on puisse dire c'est que François Davy, notre ex-PDG, n'aura pas flemmardé pendant ses vacances. Il publie un ouvrage de 240 pages bien serrées au titre pour le moins présomptueux, Une société heureuse au travail, qui sortira le 6 octobre prochain en librairie. Sur un blog du Figaro, « Les dessous du social », le journaliste Marc Landré, lecteur privilégié en avant-première de cet essai, nous livre ses premières impressions dont nous nous inspirons.
- Commençons par le titre du livre qui nous semble particulièrement malvenu moins de trois mois après la publication des résultats calamiteux de la deuxième vague d'enquête « great place to work ». Notez qu'il n'est pas question de salariés, d'hommes, de femmes, (en un mot, d'humains), heureux au travail mais de société, ce qui ne mange pas de pain et brouille singulièrement les pistes. Mais passons et supposons avec bienveillance que le titre procède d'une idée lumineuse de l'éditeur.
Dans une description sévère du marché de l'emploi en France, l'auteur enfonce énergiquement plus de portes ouvertes qu'il ne mène de réflexions originales. Tout y passe ou presque, des politiques publiques inefficaces en matière d'emploi (on s'en doutait un peu...) à l'absence de fluidité du marché du travail en passant par la remise en cause d'une formation unique, en début de parcours. Rien de nouveau sous le soleil. François Davy explique par ailleurs que l'on « se retrouve dans un grand désarroi quand on perd son emploi ». Je connais quelques centaines d'ex-salariés d'Adecco qui ne pourront qu'adhérer à ce constat.
Après avoir énoncé et analysé ces difficultés bien connues des professionnels des ressources humaines, que propose notre ex-PDG, Marc Landré reste sur sa faim et déplore l'absence de propositions concrètes. Selon François Davy, pour parvenir à cette société heureuse au travail, les acteurs du marché de l'emploi devront tous travailler en synergie au niveau local pour des solutions prises au plus près des intéressés et tout ceci dans le souci de l'intérêt général. Marc Landré, légèrement impertinent, fait remarquer que « ça fait rêver même si ça ressemble comme deux gouttes d'eau à la politique que mène actuellement Xavier Bertrand, le Ministre du Travail, sur le front de la lutte contre le chômage... ». Cette remarque suivie de trois points, si ce n'est pas une vacherie, y ressemble fortement.
Donc, François Davy nous promet « une société heureuse au travail » pour dans une dizaine d'années, quinze maximum. Pourquoi ? Comment ? Il s'agirait apparemment d'une vision ou plutôt du pur produit de son imagination : « dans le monde de l'emploi tel que je l'imagine dans dix ans, les entreprises agiront concrètement pour améliorer le bien-être de leurs salariés ». Mais aussi « les entreprises et l'Éducation nationale travailleront en parfaite complémentarité, dans l'intérêt des élèves ». Toute la vision de l'auteur est du même tabac. Demain, on rasera gratis pour les jeunes, les seniors, la diversité et j'en oublie sûrement. Demain, c'est-à-dire dans dix à quinze ans, époque où (est-ce un hasard ?), l'auteur tirera vraisemblablement sa révérence et quittera le monde du travail. Ce messianisme enchanteur ne laisse pas de surprendre de la part d'un patron plutôt réputé pour son pragmatisme.
Face à ce bel optimisme un tantinet béat, Marc Landré demeure de marbre et lance même : « Je serais méchant, je dirais que la société heureuse au travail que nous décrit François Davy est celle de Oui-oui, le meilleur ami de mon fils de 6 ans ». Nous allions plutôt évoquer les Bisounours ou l'Île aux Enfants, mais va pour Oui-oui. Nous ne sommes pas forcément contrariants.
Enfin et pour la bonne bouche, Davy s'insurge contre les gros chèques versés aux salariés licenciés ce qui, selon lui, nuirait à leur futur reclassement.
Bon, là, désolé mais je dois arrêter ici car me voici repris d'un inextinguible fou-rire. Ne m'en veuillez surtout pas, c'est nerveux.
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